porta

porta
Daniela Iaria, "Attraverso la porta bianca-fiume", 39x41 cm, 2004.

jeudi 19 février 2009

Lorenzo Calogero, inédit


Un distico si sfalda appena
e poi le turgide arborescenze
o qualcos’altro: ma m’intrattiene
oggi questo riposo nei boschi.
A mattina ero partito
dal riposo dei tuoi occhi tenui verso la cima
di una città fantastica e il ritmo dei pini
mite nel vento fosco diviene,
una remora un lemure era
o lo spazio quadrato.


Un distique se scinde à peine,
ensuite les arborescences boursouflées
ou autre chose : mais aujourd’hui ce repos
dans les bois me tient compagnie.
Le matin j’étais parti
loin du repos de tes yeux fragiles vers la cime
d’une ville rêvée et le doux rythme des pins
dans le vent devient sombre,
c’était un scrupule un lémure
ou l’espace carré.

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, , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , © Villanuccia & CIRCE

lundi 2 février 2009

Lorenzo Calogero

Come in dittici (1956)

Médecin (municipal) sans patients, écrivain sans éditeur, suicidaire, phobique, Lorenzo Calogero (1910-1961) aura été l'un des rares purs poètes du XXe siècle italien. Plusieurs fois interné (Villa Nuccia, Gagliano), il disait "apprendre ainsi / face à une faible lumière penché / le faible déclin du silence / de la vie". Apprécié de C. Betocchi, L. Sinisgalli, G. Tedeschi, il a été lu attentivement par Amelia Rosselli, qui nous avait conseillé autrefois déjà sa traduction.

Bene, purché al piede…
Bene, purché al piede, molte volte
subacqueo, una lentezza derivi
del moto del fiume, non solo una fortuna
satura della natura di tutti gli uccelli
immersa nel tempo umido e, all'insaputa,
rapida e venata d'azzurro,
ma anche dentro una dolcezza,
cui sia una ventata calda
trascinata alla riva,
in un grido umido rigido la quiete più stanca
ed oscura già esala.


***

D’une rive
D’une rive naît à la douleur
le jeu. La neige n’est pas comme
la soif, ombre comme la mort.
Il fait déjà jour, le dernier
qui te reste. De son maigre pas
le sommeil est une ombre opaque
qui te piétine.
Cendres ton sang,
suc agreste, distille
un faible son, et si tu te lèves,
aussitôt tu t’appuies sur une pluie
qui rejaillit des racines vers tes vêtements.
Je le savais. Une blonde et claire
gravité scintille, après la pluie,
immobile, humide sur l’herbe. Ou tu te caches
ou bien il y a du sang. Par moments
ou une falaise ou un paysage.
Morne une lumière est sauve
à la marge des rêves.
S'avancer sur la haie
dénudée, écho aride
dans un rayon
qui s’élève.


Bien pourvu qu’au pied…
Bien, pourvu qu’au pied, très souvent
sous l’eau, une lenteur dérive
du cours du fleuve, non seulement un hasard heureux
empli de la nature de tous les oiseaux
plongé dans le temps humide et, à son insu,
rapide et veiné de bleu,
mais aussi dedans une douceur,
où soit un souffle chaud
tiré vers la rive,
en un cri humide, rigide, déjà le calme plus las
et obscur émane.



Sur un rayon
Sur un rayon était la pluie.
Je ne sais pas d’autre douleur
et, puisque le vent vide
froid ne peut plus reconnaître soi-même
à travers mon corps sombre mince
de verre pur, maintenant je parle.
Je n’ai rien contre les instants,
les derniers reflets qui perturbent
le calme de ton sourire
dans le sommeil sur le mur,
ultime errant visage tourné
vers la fin accomplie de soi-même. En deux distiques
élégants le crépuscule t’entraîna dehors
sur la douceur qui était aux sommets.

S’écroulent là-haut les couleurs. À l’écart
je ne sais quoi d’autre était près de toi,
pris clairement de ton côté
sur la légèreté défaite des ruines.



- - - - - - - - - - - -- - - - - De : Opere poetiche, Milano, Lerici, 1962

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