porta

porta
Daniela Iaria, "Attraverso la porta bianca-fiume", 39x41 cm, 2004.

vendredi 13 novembre 2009

Patrizia Vicinelli

Patrizia Vicinelli est née à Bologne en 1943, où elle est morte en 1991. Dans les années soixante elle travaille dans le théâtre et le cinéma expérimental avec Aldo Braibanti, Emilio Villa, Alberto Grifi. Elle rejoint le Gruppo 63 en 1966. L’expérimentation est au cœur de sa recherche artistique, qui explore les voies de la poésie visuelle et sonore. De son vivant elle a publié a. à. A (Lerici, 1967), Apology of schizoid woman (Tauma, 1979) et Non sempre ricordano (Aelia Laelia Ed., 1985). Suite à un premier recueil posthume en 1994, Opere, (All’Insegna del Pesce d’Oro), un volume présentant la plupart de sa production vient de paraître sous le titre Non sempre ricordano (Le Lettere, 2009).


Arbre de Judas


Il faudra te racheter, ô nom des noms,
tu es parmi nous avec d’autres noms, et beaucoup
font semblant de ne pas s’en apercevoir.
Que m’importe le nom, si à d’autres noms
tu es lié et qu’ils nous emprisonnent tout comme
aux temps anciens, au temps des pharaons, temps
des pharaons, qu’est-ce qui a changé, ho là,
un beau jardin fait par quelqu’un que je connais,
évidemment on va le lui faire payer
cher, hé, friend, je me souviens, c’est ainsi
depuis un bon bout de ce qu’on appelle temps,
nous, à pic sur les collines désertes on la regardait
la lune, même de certains seuils,
et qui peut l’empêcher, l’homme, d’être ?
non, Judas, toi non plus, avec ton nom mal famé,
précisément le plus pauvre, ta grande petitesse
à présent je l’exalte, et non plus nuire aux autres
mais bien plus qu’à toi-même, si jamais était vrai
ce que les pharisiens rapportent, comme ils font toujours,
je croirais même les journaux, et sûrement
les speakers de la télévision.
Et pourtant, ami douloureux, moi je t’accepte, et je te la
donne, ma bénédiction, le plus négligé d’entre les hommes,
quel destin pitoyable, oh Judas !
Nous, amis sur terre, aimons la nature,
et nous raconter les dernières aventures qui toujours
traitent de la vie, de la vie chaude et enflammée.
Je te raconterai près de l’arbre,
qui te porte, quelque belle histoire d’exquises
trahisons, qui ont porté loin,
qui ont porté loin. Au bout du compte
un destin pitoyable est vraiment préférable, tu le sais,
car ainsi nous avons quelques chances d’être les hommes
que nous sommes, ou alors ce n’est que du vent.
Judas, tu t’es compliqué les choses, on t’a
compliqué les choses, mais il y a quelqu’un, quelque vieux
connaisseur de talents, quelque magicien,
qui sait que paso, à l’ombre du même
jardin que cette nuit.



de: Opere, introd. et notes Renato Pedio, Scheiwiller, 1994.

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