porta

porta
Daniela Iaria, "Attraverso la porta bianca-fiume", 39x41 cm, 2004.

samedi 2 janvier 2010

Rubina Giorgi

Rubina Giorgi, née à Rome, philosophe de formation, a travaillé sur le symbole ("personne" de l'esprit: Figure di nessuno, OOLP, 1977). Son premier recueil poétique, Esercizi 1, Milan, Feltrinelli, 1979, lui a valu de figurer dans Poesia degli anni Settanta, anthologie procurée par A. Porta la même année, chez le même éditeur. Elle a collaboré à Out of London Press (N.York-Milan), avant de diriger la collection philosophique chez Ripostes,(Salerno) ; une abondante bibliographie, des critiques, des prix littéraires (finaliste du Delfini 2001) témoignent de la vitalité de sa parole aujourd'hui.



Onde, accordature di voce, voci mosse,
ombre, grazie frante, agrezze,
semplici dolcezze, bacche
lingue.
Un raccolto ambiguamente
domestico. Non domestico.

***


Quel paysage deviens-tu en moi :
visages brusques et doux, limites
discrètes et pourtant indiscernables,
vineux, pierreux, suspendus au geste
de chapelles qui ouvrent sur un néant,
de murets qui donnent
sur paroles et paraboles,
un décor du temps : un langage
du blanc rauque de la terre,
de ses créatures anarchiques,
comme le chêne
qui ouvre sur des coulisses amènes
et princières suivant les ordres
par arbitraire, et le champignon
qui transmet tranquillement
au fond de la cathédrale immense
quintessence de monde,
courants d'échos galactiques
de fil en fil dans la couronne
d'herbes microcosmique,
qui blesse de son charme infime
de démon végétal
le chercheur autre aux sens tout éveillés,
à qui reste du monde la seule odeur
d'une absence qui l'enivre.

Ondes, concordance de la voix, voix mouvantes,
ombres, grâces brisées, acerbités,
douceurs simples, baies
langues.
Une récolte à l'ambiguïté
domestique. Non domestique.

Parole
qui semble remémorer, murmurer
d'ancêtres, de guerres, d'alliés ou fourbes
frères, de travaux et de jours :
mais ces travaux et ancêtres
ne sont que l'occasion
qui révèle une trace
bien plus ancienne :
le paysage de la mémoire
le lieu du temps
a l'avantage sur les autres
de pouvoir, soudain
rassemblée contre un muret
ou une paroi précaire
ou un fond de néant,
frissonnante comme un animal débuché,
timide, rendre
un reflet d'éternité,
une saveur, un souffle fff,
un fiat.


, , , , , ,,, , , , de : Poesie dell'inizio del mondo. Premio A. Delfini, Roma, Sossella ed. 2003

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