porta

porta
Daniela Iaria, "Attraverso la porta bianca-fiume", 39x41 cm, 2004.

jeudi 7 avril 2011

Fabio Franzin

Fabio Franzin est né en 1963 à Milan, mais vit à Motta di Livenza dans la province de Trévise. Parmi les poètes-ouvriers contemporains les plus intéressants, il a écrit la plupart de ses recueils dans le dialecte trévisan de sa province. En 2009, il remporte le Premio Pascoli pour son recueil Fabrica (Atelier, 2009). Le poème ci-dessous est extrait de son dernier recueil, Co’e man monche [Con le mani mozzate] (Le voci della luna, 2011), dont les poèmes en dialecte sont accompagnés des traductions en italien de Franzin lui-même.




Le peuplier


A piòpa




Assis sur un banc du jardin public

je regarde ce peuplier planté dans

la cour de l’école primaire,

ce peuplier grand comme un palais


je le regarde en cette journée morne

de novembre, morne de nuages bas,

certes, mais aussi pour cette crise qui

ne passe pas, après un an et demi


d’allocation-chômage, le travail disparu

même des pensées, de l’espoir.

Je le regarde, ce balai de tiges nues,

de gribouillis noirs contre le gris.


Seules là-haut, là au bout – presque

une couronne, un panache ridicule,

comme un squelette en perruque –

encore toutes les feuilles attachées.


En ce peuplier je vois écrite la réalité :

aucun automne, aucun hiver jamais

ne dépouille qui a grimpé au sommet

de l’échelle, jusqu’au nid plein de sous,



aucune feuille ne se détachera pour tomber

dans la boue, dans une flaque d’eau

trouble, salie par les fientes,

foulée par les pas, par l’histoire.



trad. du dialecte trévisan Ada Tosatti


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