porta

porta
Daniela Iaria, "Attraverso la porta bianca-fiume", 39x41 cm, 2004.

mercredi 2 novembre 2011

Annalisa Comes

Née à Florence en 1967, Annalisa Comes vit entre France et Italie. Elle a suivi l'enseignement poétique d'Amelia Rosselli, ainsi qu'une formation en Lettres et français (traductrice, elle est également spécialiste de P. P. Pasolini et philologue). Elle collabore avec des musiciens et des metteurs en scène (C.D. Dal nuovo mondo, LE 2006, avec L. Negretti Lanner) ; pour ouvrage de dame (Florence, Gazebo) et Fuori dalla terraferma (id. 2011) elle a obtenu divers prix littéraires. Ce dernier recueil, dont sont tirées nos traductions, a été illustré par Fred Charap (Brooklyn, 1940). En 2008, elle a procuré une édition critique de Rinaldo d'Aquino dans Poeti della Scuola Siciliana, Milan, Mondadori 'Meridiani', 3 vol.



Hors terre ferme


L'explorateur des mers du sud

En été l'homme raconte d'autres étés.
L'un d'eux très long
et avec le bras il fait un geste ample,
mais sans nostalgie.
Il raconte une forêt tropicale
et l'océan qui chante
et l'eau qui se colore et lui il la suit
en prenant des notes sur son calepin jaune.

J'ai vu des photos de ses moulins.
Des bouts d'hélices et toute la classe qui sourit.
Il porte une jupe à fleurs de mauve.
Son visage apparaît et disparaît
devant et derrière l'objectif.
Il voyage nuit et jour
sans s'arrêter et pense
qu'ici c'est assez loin ; mais il ne s'arrête pas.

Puis un jour il est revenu à la maison
une maison au sud avec de grandes ombres
projetées sur les haies et sur la porte du garage.



Iles

La langue se réduit
et ils naviguent en tous lieux.
Quelle belle soirée, dit l'amie
à l'ami,
sur la terre qui n'est pas terre,
le sac plein de coquilles d'huîtres.

Voici l'homme que j'aime,
pour son front bleuté
et le blanc de ses tempes
et parce que
nous parcourons en long et en large les marées.

Il me donne la main
même s'il n'y a pas de terre
mais une étendue de rives,
aux méandres de fleuve tropical.
Mais nous sommes au nord.
Voici l'homme que j'aime
parce qu'il suit les étoiles
et lève le bras vers le pays.

Puis les terres s'abaissent.



Dès que

Dès que je descendrai de ce bateau,
- tu disais -
j'achèterai une belle maison à la campagne,
pour pouvoir compter tous les fils d'herbe
et les jours de voyage
et les jours où j'ai travaillé.
Il m'a fallu vivre dans une drôle d'époque,
avec ce temps toujours gris.

Dès que je mouillerai l'ancre,
- tu disais -
je laisserai ces bottes qui sentent le poisson,
et le ciré
et les cartes de ce désert bleu.

Dès que je toucherai terre,
- tu disais -
je me lancerai dans la culture d'un jardin tropical
et dans l'observation du vol des oiseaux,
je jetterai un coup d'oeil vers l'horizon.
Tout nouveau.

Moi j'écris et je cuisine
et par-dessus l'épaule
au delà de la rive je te réponds.

On s'habitue à tout.


Moules frites

Elle effleure sa joue
car il pleure, il s'essuie les yeux
avec sa serviette
et fait passer son cure-dents dans sa main gauche.

L'orage bat sur les vitres
féroce comme un fleuve en crue.
Dehors il y a de mauvais souvenirs.
Il passe la main sur son front,
sur la côte, sur le sommeil agité.

Un serveur du Sud
roule son accent italien
et écrit avec application le plat du jour :
je voudrais manger avec cet homme
tous les jours de ma vie.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .(trad. CIRCE, avec l'auteure)

Dessins de Fred Charap © 2011

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . .. . . . . © les auteurs, et CIRCE

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