porta

porta
Daniela Iaria, "Attraverso la porta bianca-fiume", 39x41 cm, 2004.

samedi 20 octobre 2012

Nanni Balestrini


Nanni Balestrini (Milan, 1935), poète, romancier, artiste plasticien, n’a plus vraiment besoin d’être présenté. Parmi les principaux collaborateurs de la revue Il verri dès ses débuts, inclus dans la célèbre anthologie I Novissimi, membre fondateur du Gruppo 63 et peut-être un des plus radicaux représentant de la Néo-avant-garde Italienne, il avait fait scandale avec ses premières tentatives de poésie électronique dans le recueil Come si agisce (1963). Maître du collage et du montage, à l’origine d’un style épique en mesure d’exprimer les contradictions et les tensions de l’époque contemporaine - dans les romans Vogliamo tutto (1971) ou Sandokan. Storia di camorra (2004), par exemple - il est parmi les rares écrivains qui ont fait preuve d’un engagement constant pour et par la littérature comme en témoigne sa production dès les années soixante jusqu’à son dernier recueil Caosmogonia (2010). Ci-dessus la traduction d’un fragment inédit de son « opéra-poésie » Arianna.  


ARIANNE, 1 

s’effrite magnifiquement
rebondissent infinies

des aubes polluées
accrochées au ciel

à peine creusé
affleurent des espaces

ventouses attrapent
flottent éparpillés

des fragments frais
sur le toit jaune

pages arrachées
mots postiches

coulent dégonflées
douloureuses cigales

résonnent dans les trous
encore habités

laissent passer
seulement peu de lumière

lentement se déroule
la dernière attente

rien plus comme avant
dans la vitre saignent

reste seule la fragile
inutile étincelle

filament suspendu
des percussions éraflent

d’invisibles horizons
est en train de s’en aller

la peau arrachée
ne compte plus rien

enfermés dedans sans
appuyer les mains

sans dents en soufflant
un rythme instable

d’incessantes figures
défilent absentes

avides tentations
tentacules éteints

en croisant les doigts
imitations éphémères

chancelant tu suis
ce qui reste

éperdument en
périmètres de glace

traces délabrées
l’entonnoir du présent

plus bas plus bas
plongeon dans le noir

en remuant en vain
arrêter impossible




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