porta

porta
Daniela Iaria, "Attraverso la porta bianca-fiume", 39x41 cm, 2004.

lundi 7 septembre 2015

Mariangela Gualtieri



Mariangela Gualtieri, poétesse et écrivaine, est née à Cesena 1951. En 1983 elle a fondé avec Cesare Ronconi le théâtre Valdoca, connu pour sa dimension de recherche et d’expérimentation. Elle a publié plusieurs recueils de vers, Antenata (Crocetti 1992), Fuoco centrale (Einaudi 2003), Senza polvere senza peso (Einaudi, 2006), Bestia di gioia (Einaudi 2010), dont sont tirés les textes ci-dessous, et pour le théâtre, Caino (Einaudi 2010). 



De Un niente più grande

L’enfant est encore avec moi.
Elle n’est jamais née.
Elle perd l’équilibre par mes précipices
elle rit fort et lentement dort
elle reste forte
reste toujours. Avec son cœur
qui fait cœur avec le mien.
L’enfant de soleil bleutée.     



Sois doux avec moi. Sois gentil.
Le temps qui nous reste est court. Puis
nous serons des traînées si lumineuses.
Et combien de nostalgie aurons-nous
de l’humain. Comme à présent nous
en avons de l’infinité.
Mais nous n’aurons pas les mains. Nous ne pourrons pas
faire des caresses avec les mains.
Ni de joues à effleurer
légères.
Une nostalgie d’imparfait
enflera nos photons luisants.
Sois doux avec moi.
Manie-moi avec soin.
Aie la délicatesse des cristaux
avec moi et aussi avec toi.
Ce que nous sommes
est précieux plus que l’œuvre protégée dans les souterrains
et affectif et fragile. La vie a besoin
d’un corps pour être, sois doux
avec chaque corps. Touche légèrement
légèrement pose ton pied
et prends soin
de chaque mécanisme de vol
de chaque bond et voltige
et mûrissement et racine
et écoulement d’eau et élan   
et bruit de becquées et feuilles
qui s’entrouvrent ou disparaissent
jusqu’au phénomène
de la floraison
jusqu’au morceau de viande sur la table
qui est corps mangeable
pour ton mon ardeur d’être ici.
Remercions. De temps en temps.
Qu’il nous soit paisible d’être ici –
d’être corps choisis
pour l’enchâssement des compagnons
d’amour.


Bestia di gioia, Einaudi, 2010

© les auteurs et Circe

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Magnifique et qui donne envie de lire de nouvelles traductions.
M