porta

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Daniela Iaria, "Attraverso la porta bianca-fiume", 39x41 cm, 2004.

mardi 1 août 2017

Elio Pagliarani

Elio Pagliarani (25 mai 1927 - 8 mars 2012) a été l’un des auteurs remarquables de la deuxième moitié du XXème siècle italien, trop peu connu ici. Avant tout poète, proche d'un certain réalisme même au sein de la célèbre néo-avant-garde des années 1960, critique théâtral (pour Paese sera), intellectuel engagé, Elio Pagliarani a été enseignant à Milan avant de s'installer à Rome où il collabore à Quindici et à la "Cooperativa scrittori", et fonde la revue Periodo Ipotetico qu'il dirigera (entre autres, Valerio Magrelli y fait une très précoce apparition, aussitôt répercutée dans notre Printemps italien, 1977). Il écrit aussi pour la scène (La bella addormentata nel bosco, 1987) et divers journaux. Après des recueils comme Cronache e altre poesie (1954), il atteint la notoriété avec "Progetti per la ragazza Carla" (1959) publié en entier dans le n° 2 de Il Menabò, la revue de Vittorini et Calvino (1960), et enfin en volume : La ragazza Carla e altre poesie chez Mondadori en 1962 (mais le petit "roman en vers" avait été déjà inséré dans l'anthologie des "Novissimi" de 1961). Deux ans plus tard, Lezione di fisica, complété dans Lezione di fisica e fecaloro (Feltrinelli, 1968) marque un temps fort d'expérimentation, cependant que mûrit le projet d'un second "roman en vers", la Ballata di Rudi (en 1977 sort un "doppio trittico di Nandi" mais le livre achevé ne verra le jour qu'en 1995 : La ballata di Rudi, Milan, Marsilio). En français, nous en traduisions quelques fragments pour la belge L’VII, magnifique revue mal distribuée en France, et les Langues Néo-Latines. Suivent des Épigrammes, imitées – si l’on peut ainsi dire – de Savonarole, puis d'autres moralistes du passé, dont un court choix est présenté ci-dessous (de : Epigrammi ferraresi, Manni, 1987) ; le goût pour la parodie, avec collages, récritures, anamorphoses etc. est peut-être une constante de son œuvre, assez peu étudiée (mais le manuel pratique de dactylographie, repris dans La ragazza Carla, lui, est bien connu). Il faut rappeler aussi – avec ses inévitables simplifications d'époque – un important Manuale della poesia sperimentale (en collaboration avec G. Guglielmi), Mondadori 1966.

[J.-Ch. V.]



Épigrammes ferraraises


1.
Dans l’insipience qui est la mienne je dis qu’il me faut parler.
Ceux-là disent qu’est bienheureux celui qui a du bien.
Les six avec leur hache à la main furent tous des anges.

2.
La prophétie n’est pas chose naturelle ni ne procède de cause naturelle ;
beaucoup l’imaginent jaillie de disposition individuée
par purge et saignée : plus un homme a purgé de ses vices
volonté et attachement aux choses du monde
d’autant mieux il sait deviner les choses futures.
Cela n’est point vrai et se démontre : car la prophétie a été donnée même aux méchants
comme fut Balaam homme très-scélérat.
Comme vient le soir, casse le mur : ne sors pas par la porte.

3.
En découle que la terre de par son appétence naturelle va vers le bas
et que l’amour est accident.

4.
Jeunes gens, vous n’avez pas fait toute chose.
Lavez-vous du reste tout ce carême.
Lavez-vous de l’anathème : vous avez la malédiction en votre demeure.
(Ils ont tant de bien qu’ils s’y étouffent).

5.
Mais les miracles se terminent quand ils sont réalisés
comme est d’illuminer un aveugle, qui termine à la lumière
ou de ressusciter un mort, qui termine à la vie.


                                                                     
                                                                             




                              Epigrammi ferraresi, 1987 (tr. J.-Ch. Vegliante)











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